Sumario: | On pourrait croire à tort que les internautes sont libres de se construire n'importe quelle identité, parce qu'ils n'auraient aucune contrainte physique dans le cyberespace. L'identité serait ainsi sortie de ses frontières pour permettre à chacun de créer et multiplier à sa guise autant d'identités qu'il le souhaite. Il ne faudrait toutefois pas conforter la croyance dans le sujet et dans l'idéologie de la représentation de laquelle il relève en centrant le questionnement sur l'identité. Sujet et identité vont en effet de pair avec une surestimation de la conscience et une conception idéaliste de la volonté qui pourrait être préjudiciable à la compréhension des grands enjeux liés à l'expérience de l'univers numérique. On le sait, la notion d'identité est d'une grande utilité pour caractériser et responsabiliser les individus dans les sociétés de contrôle. Elle permet aux autorités et aux gestionnaires de toutes sortes d'administrer les corps à distance ; elle permet aux organisations de profiter du numérique pour développer de nouveaux outils de profilage. Elle pourrait faire écran à la compréhension des véritables enjeux de l'expérience du cyberespace si on oublie de porter l'analyse sur les différents agencements auxquels ouvre l'expérience des mondes virtuels où se trouvent mobilisés les corps et les objets dans l'exploration de nouveaux territoires et l'invention de nouvelles formes de vie.
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